Décrét de la Convention nationale 18 floréal an II

Le 18 floréal an II, la Convention nationale, sur la proposition de Robespierre, rendit ce décret :

« Le peuple français reconnaît l’existence de l’Être suprême et l’immortalité de l’âme. — Il reconnaît que le culte de l’Être suprême est la pratique des devoirs de l’homme. Il sera institué des fêtes pour rappeler l’homme à la pensée de la divinité et à la dignité de son être. »

La salle du Manège des Tuileries où se réunit la Convention Nationale

La salle du Manège des Tuileries où se réunit la Convention Nationale

Comment accueillerait-on de nos jours une semblable atteinte à la liberté de conscience? On crierait à l’arbitraire, on s’insurgerait contre l’obligation, en prétendant ne croire qu’à ce que l’on déduit soi-même, et l’on aurait cent fois raison d’en agir ainsi !…

Toutes les religions ont commencé par le Credo ; le Matérialisme et l’Athéisme «religions à rebours » (on n’a qu’à discuter cinq minutes avec leurs zélateurs pour s’en apercevoir!) ne procèdent pas différemment : Croyons, commandent-ils,, que ni l’âme ni Dieu n’existent. »

Et tous les hiérophantes de la foi révélée ou de la négation sans preuves se drapent majestueusement dans l’infaillibilité doctrinale.
Mais il est passé le temps de régenter politiquement les consciences et de faire de la philosophie par à coups : il faut maintenant prouver pour subjuguer les intelligences et les coeurs.
C’est ce qu’ont bien compris les Spiritualistes de l’école moderne (autrement dit les Spirites), et ils appellent leurs adversaires en champ clos sur le terrain expérimental.
On ne leur a, jusqu’ici, répondu que par des déclinatoires ; on leur a posé des conditions préliminaires inacceptables, ou bien on leur a tourné le dos, après s’être moqué plus ou moins agréablement d’eux, pour charmer la galerie.
Ils ont été fort rares les sceptiques qui tenaient ce sage raisonnement de M. AS. Morin, dans ses Essais de Critique religieuse :
« Chaque fois qu’il est question, soit de miracles, soit de choses présentées comme contraires à l’ordre naturel, qu’il se dresse un observateur prêt à prendre note de tout, à contrôler avec sagacité. Si ridicule que soit une prétention, si on la laisse s’accréditer, elle pourra faire des dupes, troubler les cerveaux faibles, exciter l’enthousiasme, l’entraînement. »
« Soumettez tout à un examen sévère; Que les rationalistes de tous les pays se soutiennent réciproquement et concourent au même but. Que les charlatans de toute espèce sachent qu’il existe une association toujours prêle à éplucher leurs dires, à porter une investigation rigoureuse sur tous les prodiges, et sans doute on parviendra ainsi à étouffer bien des entreprises frauduleuses, à dévoiler bien des machinations, à arrêter la propagation de l’erreur. »

La dernière phrase mérite d’être soulignée : « On parviendra ainsi, (par le contrôle sagace des faits), à arrêter la propagation de l’erreur. »

Évidemment. Mais que de gens ont encore intérêt à ce que les ténèbres ne se dissipent pas en entier : dans le clair-obscur seul, ils peuvent conserver quelque prestige!

Source : Histoire philosophique et politique de l’occulte : magie, sorcellerie, spiritisme / par Félix Fabart ; avec une préface de Camille Flammarion (Bibliothèque nationale de France)